Veille clinique, biosécurité et qualité
José Herlin assure le transfert de la veille clinique au Centre Technique Aquacole (CTA) ainsi que la mise en place de mesures de biosécurité et démarche qualité au sein de l'UR LEAD-NC
Le Réseau d’Epidémiovigilance Crevettes (REC)
Initié en 2002, le réseau d'épidémiovigilance de la filière crevetticole calédonienne est un système de détection zoo sanitaire précoce qui était jusqu’à la fin de la campagne 2011-2012 (1er septembre 2011 au 31 août 2012) assuré conjointement par l’Ifremer (équipe veille clinique) et la Direction des Affaires Vétérinaires, Alimentaires et Rurales du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (DAVAR), notamment par le biais du Service d'Inspection Vétérinaire, Alimentaire et Phytosanitaire (SIVAP) et du Service des Laboratoires officiels vétérinaires, agroalimentaires et phytosanitaires de la Nouvelle-Calédonie (LNC). Ce système permettait à ces organismes de disposer d’un outil de diagnostic répondant à la demande des aquaculteurs et à leurs besoins respectifs en matière de recherche et de mission statutaire selon le schéma ci-dessous.
L’Ifremer assurait dans ce dispositif la veille clinique de la filière, collecte d'informations sanitaires et interventions sur les sites d’élevage lors d'apparition de foyers de mortalités ou de maladies, tout foyer de mortalité devant être déclaré (délibération n°154 du 29/12 1998 relative à la police sanitaire en Nouvelle-Calédonie). En dehors des cas de déclaration, la veille clinique organise avec les sites d’élevages concernés des visites de contrôle de Maladies Réputées Contagieuses (MRC). En cas de forte suspicion de MRC (signes cliniques) et avant toute confirmation de diagnostic, la veille clinique alerte aussitôt le SIVAP qui assure la mise en place des actions de police sanitaire.
La DAVAR assure de son côté l'appui diagnostic (LNC), le regroupement des informations (SIVAP), l'animation du réseau (SIVAP) et la prise en charge de la police sanitaire (SIVAP).
Dans le cadre du transfert de la veille clinique du REC au CTA, l’Ifremer a formé des agents du CTA en bactériologie, en partenariat avec le LNC. Le transfert des méthodes de diagnostic employées jusqu'à présent par l'Ifremer vers le LNC (Bactériologie et PCR) ont également été transférées (bactériologie) ou sont en cours de planification (PCR).
La biosécurité sur la station de Saint-Vincent
Le site de Saint Vincent est sous la contrainte sanitaire d’agents pathogènes d’origine virale (virus IHHNV, agent de la Nécrose Hypodermale et Hématopoïétique Infectieuse), et bactérienne avec la présence de souches Hautement Pathogènes (HP) de Vibrio nigripulchritudo agent du Syndrome d’été et de Vibrio penaeicida, responsable du syndrome 93.
Au niveau viral, les crevettes originaires d’Hawaii et conservées à la Station Aquacole de Saint Vincent (SASV), dans le cadre du programme d’introduction de variabilité génétique dans le cheptel Calédonien, ont progressivement montré une sensibilité importante à ce virus (mortalité, croissance ralentie, déformations). Les risques d’une transmission génétique de cette sensibilité à leur descendance à moyen terme, et de son développement par rupture de l’équilibre hôte/pathogène sur la souche dite « Calédonienne » jusqu’alors considérée comme résistante à l’IHHN, ont conduit à partir d’octobre 2008, avec l’accord et l’appui de l'UPRAC (Unité de Promotion et de sélection des Races Aquacoles de Crevettes de Nouvelle-Calédonie) et de la DAVAR, à la suppression des animaux hawaiiens ou hybrides encore présents dans les bassins de terre de la SASV, au vide sanitaire de ces derniers, et au repeuplement contrôlé du site. D’autre part, le virus IHHN est soupçonné d’avoir pu affecter les animaux utilisés dans les expérimentations menées à la station (mortalités, déformations, croissance réduite), influençant donc potentiellement leur bon déroulement et celui des programmes de recherches.
Les obstacles soulevés par l’expression du virus IHHN ont donc initié depuis 2008 une prise de conscience et la mise en place de démarches de biosécurité dans certains points de la filière. A la SASV, cette démarche s’est traduite par une identification/évaluation des risques et l’application de mesures (vide sanitaire, reproduction, élevage et utilisation des animaux contrôlés) chacune dotée de procédures afin de minimiser le risque d’introduction et de dissémination de l’IHHNV.
La prise en main de la nouvelle structure d’écloserie a également été mise à profit pour revoir les procédures d’hygiène de routine dans la conduite des productions et dans le contrôle des flux entrants et sortants (animaux, eau, aliment, personnel, équipement, nuisibles, déchets).
Aucune détection d’IHHNV sur les échantillons prélevés n’a depuis été observée, de même qu’aucun symptôme de l’expression de cette maladie sur les animaux en élevage sur le site de Saint-Vincent. La poursuite de ces mesures est envisagée comme un outil d’aide à la minimisation des problèmes potentiels, à leur compréhension en cas d’apparition, et à la fiabilisation des résultats.
Au niveau bactérien, les souches de type Hautement Pathogènes (HP) de la bactérie Vibrio nigripulchritudo en particulier, n’ont à ce jour été détectées que sur certains sites de Nouvelle-Calédonie, dont celui de Saint Vincent. Le transfert d’animaux, de matériels ou d’eaux originaires d’un des sites concernés représentent donc un très fort risque de dissémination du pathotype HP à d’autres élevages crevetticoles, jusqu’à présent considérés comme indemnes. En ce qui concerne cette pathologie bactérienne, l’Ifremer recommande fermement de proscrire, dans la mesure du possible, ou alors de limiter en appliquant les procédures de biosécurité, le transfert d’animaux entre sites de production.
La démarche de certification ISO 9001 de l'Ifremer
Cette démarche initiée en 2009 s’attache à doter l’institut d’une organisation de travail plus homogène et optimisée, permettant d’augmenter l’efficacité et la fiabilité des pratiques, de les améliorer en continu, et ainsi de mieux satisfaire aux attentes et besoins de ses partenaires. La certification ISO 9001 permet la reconnaissance de l’organisation des activités de l’Ifremer selon cette norme par un organisme tiers et indépendant, et par la même, de renforcer ou de développer les liens de confiance entre ses partenaires et financeurs actuels ou potentiels. Elle a été affichée comme un objectif important de la direction, et rappelée par le PDG lors de sa visite en Nouvelle-Calédonie en novembre 2011.
En mars 2011, José Herlin a été nommé Délégué Qualité du Centre Ifremer du Pacifique. Il a bénéficié d’une formation dans un organisme en Nouvelle-Calédonie, puis en interne au Centre Ifremer Atlantique en septembre 2011 (Système de Management de la Qualité à l’Ifremer et auditeur interne). Son champ d’action inclut les implantations de Tahiti et de Nouvelle Calédonie. Basé en Nouvelle Calédonie, il est soutenu par un agent correspondant à Tahiti (G. Le Moullac).