Gastéropodes

Le Troca   Trochus niloticus    

Ce Gastéropode brouteur récifal, originaire du Pacifique Ouest, a été progressivement introduit vers le Pacifique Central depuis les années 1930 (il est ainsi arrivé à Tahiti en 1957).

En Nouvelle-Calédonie, sur la Grande Terre, cet animal se trouve dans son aire de répartition géographique originelle normale. Il fait l’objet d’une exploitation traditionnelle, basée sur la pêche, assortie de mesures de gestion visant la taille des captures (tailles minimales et maximales) et les quantités autorisées (quotas). Malgré ces mesures de gestion, on peut noter historiquement une grande variabilité des prises annuelles, en quantité et en valeur, probablement en relation directe avec la surexploitation des stocks. Après un pic de production frôlant les 2000 tonnes de coquilles en 1980, la production s’est progressivement écroulée (78 tonnes en 2002), même si l’on note depuis les dernières années une tendance à la reprise (187 tonnes en 2006 pour 90 millions XPF –source IEOM 2007-).

 

Face à cette situation, plusieurs îles du Pacifique ont envisagé des opérations d’écloserie / nurserie, avec comme objectifs le réensemencement des zones surexploitées, et l’introduction de cette espèce dans des zones où elle n’est pas naturellement présente. C’est ainsi qu’en 1989, une opération d’aquaculture / réintroduction a été décidée en Nouvelle-Calédonie, menée conjointement par l’Ifremer (partie aquaculture, Station d’Aquaculture de Saint-Vincent, financement CORDET) et l’IRD (partie réintroduction aux Iles Loyauté, où cette espèce est quasi-absente, convention IRD-Province des Iles)

Après des essais préliminaires infructueux de reproduction en captivité en 1986 et 1987, les élevages de 1988 menés à la Station d’Aquaculture de Saint-Vincent ont permis de produire 400 000 trochophores, donnant 12 000 juvéniles de 2 mm placés en nurserie. Huit mois plus tard au 31/12/1988, les 8 000 survivants de 4 à 20 mm étaient disponibles pour la phase de réintroduction.

En mars et juin 1989, l’IRD a procédé au transfert vers Lifou de 5 709 juvéniles de 16 à 23 mm, et à leur semis sur des platiers récifaux d’une profondeur de l’ordre de 2 mètres sur une trentaine de sites différents. Une bonne survie a été observée à l’occasion de cette opération.

Trois missions de recapture / observation ont été menées en 1989, et une dernière en mars 1990. Au cours de cette dernière, seulement 19 trocas ont été retrouvés (soit un taux de recapture de 0,3%), à une taille moyenne de 64 mm (dont 16 ayant atteint ou dépassé la taille minimale de reproduction, soit 54 mm).

En conclusion à cette opération, on peut noter que :

  • la reproduction en captivité est certes maîtrisée, mais reste délicate, notamment en raison de la phase délicate de la métamorphose, et de la longue durée de la nurserie qui nécessite une infrastructure spécialisée et du personnel permanent ;
  • la faisabilité technique du réensemencement est démontrée ;
  • la croissance mesurée sur un an est satisfaisante ;
  • cependant, le taux de recapture à un an est très faible et suscite plusieurs questions : prédation animale ou humaine, influence des conditions climatiques ou météorologiques, incompatibilité géographique ou hydrodynamique de Lifou pour permettre une bonne survie et la reproduction de cette espèce, …

Cette opération de 1989-1990 est restée unique, et l’obtention de données actualisées serait souhaitable.