Les tannes calédoniens : des marais maritimes tropicaux très peu étudiés
Sur la plupart des littoraux de la Nouvelle-Calédonie et notamment sur ses côtes ouest et nord se développent à la lisière des mangroves, de vastes étendues dénudées ou couvertes de végétation rase. Ces zones humides sont inondées lors des marées de vive eau. Elles sont couvertes par des efflorescences salines lors des périodes sèches, parfois ponctuées d’arbres morts et de souches. Il s’agit de tannes. Ces tannes se rattachent, du moins en partie, au grand ensemble des milieux sursalés (sebkhas, lagunes des littoraux arides) mais s’en individualisent par ce lien obligatoire avec les marais maritimes et avec le type de végétation qui couvre ces derniers dans les régions tropicales : la mangrove (Lebigre, 2004).
L'existence de tannes sur la plupart des littoraux à mangroves a été mise en évidence assez tardivement avec les premières descriptions effectuées dans les années 60. Les tannes de Nouvelle Calédonie appartiennent au type tropical à saison sèche longue ou subaride (Baltzer & Lafond, 1971). On y distingue des marais maritimes de deux types: les uns directement associés à des formations deltaïques, les autres isolés de tout système fluviatile, donnant sur le lagon. En l'absence de cours d'eau, on observe une zonation des formations végétales comportant des palétuviers du genre Rhizophora en bordure du lagon et Avicennia vers la frange terrestre de la zone intertidale. Plus haut sur l’estran, on observe un schorre herbacé à halophytes puis une région couverte d'un voile algaire à Cyanophycées, se desquamant par plaques et enfin une zone dépourvue de toute végétation.