VESPA : bulletin N° 11 - Réflexions finales

La fin de la mission est là et nous sommes plus près de Nouméa que nous ne l’avons été depuis des semaines ! Il est temps de regarder en arrière et apprécier le chemin parcouru pendant ces 25 jours en mer !
De l’avis des responsables scientifiques, il est clair que VESPA (Volcanic Evolution of South Pacific Arcs) est une mission réussie!

Voici quelques statistiques:
  • Nous avons parcouru une distance totale de 4000 milles nautiques (environ 7400 km, 176 fois la distance d’un marathon)
  • Notre vitesse moyenne (considérant que la distance a été parcouru en 25 jours) a été de 12.3 km/h (le rythme d’un joggeur moyen)
  • Nous avons traversé des territoires français, néo-zélandais et australiens
  • Nous avons effectué 43 dragages (plus que prévu), pour un total de 3.5 tonnes de roches !
  • En enregistrant de manière quasi-continue les données géophysiques et bathymétriques, en prenant des photos et en écrivant des rapports, nous avons accumulé 255 GB de données (dans 217 000 fichiers)

Nous sommes satisfaits du déroulement des opérations. La météo a été bonne, ce qui a contribué au succès de la mission. Il est préférable de draguer face au vent et en remontant la pente des fonds-marins. Parfois nous avons dû changer les opérations prévues lorsque ces 2 conditions n’étaient pas réunies. Cependant, cela n’a pas mis à mal la mission : des sites similaires compatibles ont toujours fini par être trouvés. Par ailleurs, les données sismiques sont peu bruitées.

Les dragages ont été vraiment bons dans l’ensemble, que ce soit en termes de quantité de roches récoltées (ni trop, ni trop peu) ou en termes de qualité, ce qui conditionne la possibilité d’analyse géochimiques et de datation. Nous avons été impressionnés par la variété des roches collectés : la plupart des dragues contenaient à la fois des roches sédimentaires et volcaniques. De plus, nous avons souvent atteint les requis pour les analyses futures (géochimie, datation par les fossiles, datation par radiométrie). Grâce à l’analyseur XRF portatif qui nous a permis d’effectuer des analyses préliminaires à bord, nous pouvons déjà affirmer que la Ride des Loyautés est liée à une subduction passée !

Les deux roches les plus surprenantes que nous avons trouvées ont été un granite sur la Ride des Trois Rois, et un quartzite sur la Ride des Loyautés (on ne s’attendait pas à des roches plutoniques ou métamorphique, qui ont une origine profonde dans la croûte terrestre). Nous avons également récolté des shoshonites, roches qui ont un contenu élevé en potassium. Bien que les analyses chimiques à bord ne sont que provisoires (en attendant des études plus précises à terre), nous apprécions déjà les tendances qui s’en dégagent. Le travail post-mission permettra très sûrement de répondre aux questions posées au début.

Bien que l’étude de la biosphère n’était pas l’objet d’étude de la mission VESPA, nous avons joui d’un aperçu sur les organismes vivant sur les fond-marins. Nous avons échantillonné des sédiments récents, essentiellement de la boue à foraminifères et de la boue détritique. La fraction la plus grossière (>0.25 mm) contenait parfois des mollusques et des balanes. Peu d’organismes vivants ont été récoltés. Cependant, des brachiopodes du genre Amphithyris ont été trouvés sur une roche.

Toutes les personnes avec lesquelles j’ai parlé de la mission ont confirmé à quel point elles ont apprécié l’atmosphère amicale à bord. Tout s’est bien passé, que ce soit au sein du groupe scientifique ou entre l’équipe scientifique et l’équipage. Bien sûr, on se doit de remercier la cuisine pour leur travail fabuleux pendant la mission !

Ecrit par Nina Jordan. Traduit par Clément Roussel.

Final thoughts

Here are some statistics:
  • We travelled a total distance of approximately 4000 nautical miles (~7.400 km or 176 times the distance of a marathon)
  • Considering that we were at sea for 25 days, this is equivalent to an average speed of 12.3 km/h (the pace of a fast jog or slow cycle)
  • We travelled through the territories of France, New Zealand and Australia
  • We made 43 dredges of the seafloor (more than expected), bringing up a total of 3.5 tonnes of rock!
  • By doing near-continuous geophysical and bathymetrical analyses, taking photos and writing reports, we have accumulated 255 GB of data (in 217,000 files)

We are very happy with how everything has gone. The weather has been good for what we needed. Since it is preferred to dredge while pointing the ship into the wind and up-slope, we had to change a few of the planned dredge sites as the slope was not compatible with the wind direction. However, we had plenty of sites to choose from so it was not too much of an inconvenience. Also, calm seas have meant we have obtained plenty of seismic data.

 

The rock dredging has been a huge success, both in terms of the quantity (not too few/not too many and quality (rocks that are fresh enough for geochemical analysis and dating). We were impressed with the variety of rocks in the dredge: most dredge hauls contained both sedimentary as well as volcanic rocks. For the most part, we got what we hoped for in terms of potential for analysis (chemistry, fossil age determination, radiometric dating). Thanks to the portable XRF machine we had on board we can already confirm that the Loyalty Ridge is definitely subduction-related! The two most surprising rocks we found were a granite on the Three Kings Ridge and a quartzite on the Loyalty Ridge (we did not expect plutonic or metamorphic rocks, indicating an origin deep in the Earth's crust). Another highlight was to get some volcanic rocks called shoshonites, lavas with very high potassium. While the chemical analyses are considered preliminary until confirmation from high-precision analysis on shore, we were pleased with the trends we got from them. Our post-cruise work we will enable us to answer the questions that we had set out with at the beginning.

 

Although the modern biosphere was not the main topic of the VESPA cruise, it was very exciting to sometimes get a glimpse of the organisms living on the seafloor. In most dredges, we were able to sample the modern seafloor sediment, mainly foram oozes and muds. The coarser fraction (>0.25 mm) sometimes contained abundant molluscs and barnacles. Very few live organisms were collected. However, a highlight was finding living brachiopods (of the genus Amphithyris) on one rock.

 

Without prompting, everyone I spoke to about the mission mentioned how much they had enjoyed the amicable company on board. Everyone got along well, both within the science group but also between scientists and crew. And of course we should not forget to thank the kitchen team for their magnificent work on this mission!

Nina Jordan