Indicateurs de la Performance d'Aires Marines Protégées pour la gestion des écosystèmes côtiers, des ressources et de leurs usages
Objectif
L’objectif du projet est de construire et tester des tableaux de bord d’indicateurs portant sur les écosystèmes, les usages et la gouvernance, permettant d’évaluer la performance de systèmes de gestion des écosystèmes côtiers incluant des AMP. Les indicateurs reflèteront a) l’état et la dynamique de l’écosystème et des ressources correspondantes dans et autour des AMP; b) l’impact des usages sur l’écosystème et les ressources et le rôle de l’AMP dans la nature et l’ampleur de cet impact, et c) l’état de la gouvernance et l’influence des AMP sur les usages en termes d’occupation de l’espace côtier, et de qualification des pressions anthropiques.
Méthodes
Ateliers
Le projet sera construit autour d’ateliers réunissant les partenaires du projet, scientifiques, gestionnaires et autres acteurs. Ces ateliers serviront plusieurs buts :
- préciser la liste d’indicateurs à tester au cours du projet ; cette liste sera construite à partir de l’expérience des participants, des résultats du projet Liteau II, du guide IUCN (Pomeroy et al. 2004) souvent préconisé en la matière, et elle tiendra compte des moyens mobilisables sur les différents cas d’étude ;
- mettre au point la grille de lecture des indicateurs ; c'est-à-dire : interpréter les valeurs des indicateurs en fonction de points de comparaisons (seuils, points de références, variations temporelles, spatiales) et des actions de gestion à entreprendre ;
- définir des protocoles de collecte de données permettant de calculer ces indicateurs avec une précision et une justesse adéquates; ces protocoles seront communs aux cas d’étude dans la mesure du possible ;
- confronter les indicateurs obtenus dans chaque cas d’étude et éventuellement revenir sur les grilles de lecture et les protocoles ; ces comparaisons contribueront à la validation et la généralisation des méthodes pour leur utilisation dans d’autres contextes d'AMP en environnement côtier;
- mettre en relation les indicateurs quantitatifs obtenus avec des données juridiques et institutionnelles, des enquêtes administratives et des données sur les perceptions, en vue de produire une analyse pluridisciplinaire documentée sur la notion de « bonne » gouvernance des AMP.
Les ateliers seront organisés en collaboration avec l’Agence des AMP et l’IFRECOR.
Indicateurs relatifs à la biodiversité et aux ressources
Un ensemble de données relatives à la biodiversité écologique et aux ressources sera collecté en partenariat entre gestionnaires et scientifiques. A partir de ces données, on procèdera à des analyses et modélisations quantitatives coordonnées entre sites pour calculer les indicateurs servant à évaluer la capacité des AMP à maintenir et restaurer biodiversité et ressources.
Indicateurs relatifs aux usages
On réalisera également des enquêtes auprès des usagers afin de caractériser et quantifier ces usages et la pression qui en découle sur l’écosystème, mais aussi pour évaluer dans quelle mesure l’existence des AMP affecte, positivement ou négativement, leur accès aux ressources ou leur utilisation des espaces et des ressources.
Indicateurs de gouvernance.
On réalisera des enquêtes administratives pour établir une typologie des AMP fondée sur leur mode d’administration, l’analyse de leur réglementation et leur intégration dans les politiques environnementales et de développement local. Cette approche sera complétée par des questions sur la perception et l’acceptabilité sociale des AMP dans les enquêtes auprès des usagers.
Restitution :
Un effort particulier sera porté sur le transfert des résultats et leur vulgarisation sous une forme opérationnelle et pragmatique : guides méthodologiques décrivant les protocoles et les moyens pour mettre en œuvre les indicateurs, documents-synthèses propres à chaque cas d’étude, etc. Ce type de restitution nécessite proximité et travail conjoint entre les scientifiques et les utilisateurs des résultats de la recherche.
Terrains d’étude
Ils sont situés en métropole et dans l’outremer français (DOM et ROM/COM). -Nous distinguons deux types de site : a) des sites primaires correspondant à une masse critique de chercheurs plus importante; et b) des sites de mise en oeuvre. Sur les premiers, il sera possible d’évaluer plus d’indicateurs et d’affiner les protocoles afférents, tandis que sur les deuxièmes, nous nous intéresserons si nécessaire à une liste plus restreinte d'indicateurs, et mettrons en application les résultats obtenus sur les premiers sites concernant les protocoles et autres améliorations méthodologiques. Les données seront collectées avec les soutiens financiers de l’Agence des AMP et de l’IFRECOR.
Sites primaires:
- Parc Marin de la Côte Bleue (CB),
- Réserves de la Province Sud de Nelle-Calédonie (NC),
- Réserve Naturelle de la Réunion (RUN),
- Cantonnement de Pêche du Cap Roux (CR),
- Réserve Naturelle des Bouches de Bonifacio (BO),
- Réserve Naturelle de Banyuls-Cerbère (BA)
Sites de mise en oeuvre :
- AMP du PGEM de Moorea (Polynésie française) (PF),
- Mayotte (MAY),
- Guadeloupe (GUA)
Quatre de ces AMP sont situées en Méditerranée, une en Atlantique, et cinq sont situées dans des écosystèmes coralliens en zone tropicale. Parmi les cas ultramarins sont représentés à la fois des DOM et des collectivités territoriales. Plusieurs de ces AMP sont le résultat d’une démarche de concertation avec les pêcheurs locaux (CB, CR) ; d’autres sont le fruit d’une démarche de l’Etat ou des collectivités locales (BA, BO, NC, IR, PF, MAY, GUA) ; d’autres enfin résultent d’une démarche initialement associative (RUN). La pêche professionnelle est plus ou moins intense selon les cas d’étude, mais dans tous les cas les activités récréatives directement liées à la qualité de l’écosystème marin, essentiellement pêche et plongée, sont très développées.
Résultats attendus :
résultats opérationnels à l’intention des gestionnaires :
- liste représentative d’indicateurs testés et validés, grille de lecture des indicateurs, protocoles de collecte appropriés, formats de restitution des résultats scientifiques ;
- finalisation d’une démarche indicateurs pour application dans les cas d’étude ;
- aide à la structuration des données d’entrée et des indicateurs de sortie dans un format compatible avec les outils de calcul des indicateurs;
- synthèses et guides vulgarisés pour la mise en oeuvre d’indicateurs de l’efficacité de la gestion des AMP ;
- résultats scientifiques valorisés sous forme de publications.
PAMPA en Nouvelle-Calédonie
On s’intéresse d’une part aux AMP de la Province Sud proposées pour inscription au Patrimoine Mondial de l’UNESCO : a) la Réserve Merlet, une réserve intégrale de 17200 ha interdite à toute activité, créée en 1970, et dont le statut est susceptible d’évoluer dans le futur ; b) le Parc du Lagon de Bourail, un ensemble de trois réserves d’une surface de 3000 ha, sis dans une zone très attractive au plan touristique et récréatif ; et c) la Réserve de Ouano, créée en 2004 et surveillée depuis 2006, soumise jusqu’à très récemment à une pression de pêche informelle (notamment à pied) intense. D’autre part, on s’intéresse aux îlots en réserve du Parc du Lagon Sud, à proximité du Grand Nouméa, déclarés en réserve dans un but de conservation et de valorisation des ressources. Ces îlots sont très attractifs pour la navigation de plaisance, la pêche et la plongée, et sont donc soumises à des fréquentations intenses, se traduisant par des dégradations des coraux et en général des habitats.
Les contributions attendues des services de la Province Sud et qui seront traitées dans cette proposition sont les suivantes : a) test d’indicateurs basés sur des observations vidéos et protocoles de suivis correspondants et étude de la complémentarité avec les indicateurs issus de comptages visuels ; b) analyse des données existant sur les usages (enquêtes sur la pêche de plaisance, fiches de pêche professionnelle, données de fréquentation du lagon) et collecte de données complémentaires (fiches à remplir par les agents de la Province, enquêtes pêche plaisance) en vue de construire des indicateurs des usages liés à la présence des AMP; et c) protocoles permettant de suivre l’efficacité de la gestion des AMP. L’objectif est de pouvoir transférer des méthodes de suivi applicables par les services en charge de la protection du lagon.
La démarche et les résultats du projet pourront être transposés à d’autres AMP du territoire, voire appliqués dans le cadre du projet en cas de demande.
Regardez le reportage réalisé par RFO Nouvelle-Calédonie lors d'une enquête auprès des usagers