GAIUS
Les AMP représentent un moyen juridique et institutionnel censé garantir la durabilité des écosystèmes et de leurs usages. La communauté internationale dans son ensemble assure la promotion active des différents modèles d’AMP, unanimement considérés comme des outils de bonne gouvernance des espaces et des ressources naturelles. La ratification de multiples conventions internationales, témoigne des engagements pris par les Etats en faveur de la création d’un réseau global d’AMP. Dans ce but, la France a adopté un nouveau cadre juridique spécifique (loi du 14 avril 2006 sur les parcs naturels marins), lui permettant d’engager une politique nationale congruente et ambitieuse en la matière d’AMP. Le Sommet mondial pour le développement durable, qui s’est tenu à Johannesburg en 2002, a réaffirmé le rôle des aires marines protégées dans la conservation de la biodiversité, en fixant pour objectif la mise en protection de 20 à 30% de la surface maritime à l’horizon 2012, évaluée à environ 2% actuellement.
Dans des régions côtières en mutation, siège d’enjeux socio-économiques intenses, la création d’AMP en nombre et en taille croissants n’est pas sans poser plusieurs questions.
Premièrement, les AMP ont-elles été conçues pour résister ou s’adapter efficacement à ces transformations ? Dans quelles mesures et à quels degrés sont-elles facteurs de concurrence et de conflits d’usages ? Quels sont leurs impacts sur les systèmes d’activités littoraux et sur la répartition des droits et des richesses entre les différentes parties prenantes ? Les cadres juridiques et institutionnels retenus et leurs évolutions récentes sont-ils susceptibles d’assurer une bonne gouvernance des AMP existantes ou envisagées ?
Deuxièmement, comment configurer les AMP et les règles qui les régissent, de manière à atteindre les objectifs qui leur sont assignés, à savoir la conservation de la biodiversité, la gestion durable des pêcheries et du patrimoine local et le développement raisonné des activités récréatives et touristiques ?
Ces questions liminaires fondent la problématique du projet GAIUS et sont abordées à partir d’un ensemble de cas d’étude situés dans différents contextes écologiques, économiques, juridiques et politiques. A partir de données juridiques et institutionnelles, ainsi que d’enquêtes complémentaires in situ, on proposera une typologie de la gouvernance des AMP étudiées, et sa mise en relation avec l’efficacité des systèmes de gestion correspondants. Cette analyse documentée permettra d’élaborer une réflexion plus générale sur la notion d’administration et de « bonne » gouvernance des AMP.
L’enjeu de ce projet consiste à mettre en relation l’analyse de la gouvernance et de la prise de décision avec les indicateurs écologiques, économiques et sociaux qui seront produits, afin de nourrir une réflexion collective et pluridisciplinaire sur la contribution des AMP à la gestion durable des écosystèmes côtiers et de leurs usages. Cette approche pluridisciplinaire implique l’intervention de chercheurs en droit, en économie et en écologie. Les participants utiliseront des outils de modélisation au sens large, propres à leur discipline et méthodologie de recherche : enquêtes administratives, socio-économiques et halieutiques, grilles de lecture, indicateurs, analyses multicritères et modèles mathématiques. En complément, le consortium intégrera dans sa démarche, les scientifiques et les gestionnaires des AMP, ainsi que des représentants des acteurs et des organisations présentes et agissantes sur ces espaces.
Au final, le projet GAIUS espère contribuer de manière conceptuelle à la problématique de la gestion durable des écosystèmes côtiers et de leurs usages, et apporter des éléments concrets à la question actuelle de la promotion des parcs naturels marins en France et plus généralement d’AMP en Europe et dans le monde
Les deux projets GAIUS et PAMPA sont complémentaires. Le projet GAIUS est plus conceptuel, tandis que le projet PAMPA est mené en collaboration directe avec l’Agence des AMP et l’IFRECOR