Le troisième jour d’opérations de la campagne POLYPLAC (7 Septembre 2012).

POLYPLAC en direct - Bulletin n° 5
Le troisième jour d’opérations de la campagne POLYPLAC (7 Septembre 2012)

La vie à bord

La nuit et toute la journée jusqu’à 18 heures environ a vu la poursuite du levé du sommet de la ride cap au 75 puis au 85. L’alizé, toujours établi à 7 Beaufort soutenu ou « Grand Frais », entretenait une mer toujours « Forte » avec des creux atteignant 4 mètres.

L’Atalante brave la mer de vent et la grande houle d’ESE.Ifremer/L. Loubersac).

Quelques mots sur l’équipage

Dans le bulletin précédent, celui du 6 septembre, nous avons présenté l’ensemble de l’équipage, ses différentes équipes et leurs rôles. Dans ce même bulletin également nous avons présenté l’équipe à la passerelle, celle qui nous gouverne.

Nous présentons ci-dessous l’équipe chargée de l’électronique à bord.

Elle se compose de deux officiers navigants Michel et Luc et de trois techniciens embarqués, les deux Gilles et Erwan.

Aujourd’hui nous vous présentons ces agents.

Michel JANNEZ

Luc CADIOU

Gilles LE BEUZ

Officier Electronicien Supérieur

Officier Electronicien Responsable

Responsable embarqué

Gilles GASCON

Erwan GOAS

Technicien

Technicien

Nous avons pu profiter, à l’invitation de Michel et de Luc, et avec l’accompagnement de ce dernier, d’une visite des lieux stratégiques du navire.

Sur un navire océanographique, l’électronique est partout, puisqu’au cœur de fonctions majeures que sont la localisation, la navigation, la communication, l’acquisition et le stockage des données en support du traitement et de la restitution de ces dernières.

Ainsi au Pont E, à proximité immédiate du PC scientifique se trouve le « cerveau » du bateau, le centre névralgique d’acquisition et de calcul où aboutissent, par un ensemble de communications et de câblages, les données de tous les capteurs, qu’ils soient ceux des outils scientifiques, des capteurs météo, des paramètres d’attitude du navire, de sa navigation etc…

Quand on entre dans cette pièce hautement climatisée on se retrouve dans le film bien connu de Kubrick, un peu comme dans le cerveau de Hal!

Luc nous explique, dans le central d’acquisition et de calcul, les différents calculateurs, leur rôle et fonctions, le principe des connexions et la surveillance qu’il en assure avec Michel. (©Ifremer/L. Loubersac).

A la passerelle, au pont F, d’autres centraux nous sont dévoilés : positionnement GPS, central navigation, central communications internes navire, central contrôle radar, pupitres de contrôle moteurs etc... Encore au-dessus, sous les deux radars on trouve le radôme du VSAT qui protège l’antenne et l’électronique de la communication satellite.

En descendant dans les entrailles du navire, au pont C à l’avant, au pont B, en arrière des cuisines et du restaurant, Luc nous présente d’autres centres névralgiques. Le central sondeur, le central gyroscopes et contrôle d’attitude.

Autant d’éléments qui sont également à surveiller, à contrôler, voire à dépanner.

Le rôle des deux Gilles et de Erwan, est différent de celui de Michel et de Luc, d’une part ils assurent des quarts, ce qui explique qu’ils soient trois et d’autre part ils ont pour mission de détecter et d’alerter en cas de toute anomalie de fonctionnement des outils scientifiques, en l’occurrence pour ce qui nous concerne, le multifaisceaux, le sondeur de sédiments, le magnétomètre.

La salle sondeurs et l’arrivée des différents tubes connectés aux capteurs sous la coque : EM 122, EM710, sondeur de sédiments, ADCP, accéléromètres… (©Ifremer/L. Loubersac).

Position de l’aile et de la gondole sous la coque de l’Atalante (en haut à gauche), répartition des capteurs (à droite), connexions au central sondeurs (en bas à gauche). (©Ifremer)

Quelques éléments significatifs des opérations poursuivies pendant cette troisième journée de travail.

Que signifie zone de fracture et cette ride ?

La zone de fracture des Marquises a été retenue comme zone potentielle pour l’extension du plateau continental en Polynésie car elle présente un certain nombre de caractéristiques compatibles avec les règles d’extension fixées par la Commission (CLPC). Il s’agit d’un haut fond, ou ride, situé au sud-est de l’archipel des Marquises qui se prolonge vers l’est au-delà de la limite des 200 miles. (Figure ci-après où la zone de fracturation et la ride sont particulièrement visibles en travers médian de l’image). L’objectif de la mission est de montrer la continuité géomorphologique entre l’archipel des Marquises et cette ride océanique. La cartographie précise de la ride permettra d’y localiser des pieds de talus au pied de la ride, là où elle s’enracine dans les grands fonds océaniques.

Localisation de la zone de Fracture des Marquises, limites de la ZEE (en vert) et de l’extension escomptée en magenta.

Morphologie

La longueur totale de cette ride (non révélée en totalité sur l’image précédente) est d’environ 3500km, elle est à peu près rectiligne et son orientation générale est 80°E. Cinq segments ont été mis en évidence sur des critères morphologiques. (Guy Pautot 1974).

Histoire et origine

Le segment 2, où se trouve notre zone d’étude, bordant la partie méridionale des îles Marquises, est caractérisé par un couple fosse-arête très linéaire. L’arête culmine à 2500m de profondeur tandis que la fosse dépasse les 4000m. La ride y a ici une longueur de 350 km pour une largeur de 20 km et une hauteur de 1.5km par rapport aux fonds environnants. Son sommet arrondi comporte des petits cônes volcaniques. Du côté sud de cette ride, on retrouve de la croûte océanique de 40 à 50 Ma (millions d'années) recouverte de sédiments pélagiques et au nord, des laves récentes (quelques Ma) sans sédiments (Guille et al.,2002).

Une zone de fracture est une zone de faiblesse de la lithosphère résultant du décalage des segments d’axe de la dorsale océanique (ridge axis), voir figure ci-contre.

L’orientation N 80°E de la zone de fracture des Marquises correspond à la direction d’ouverture de la dorsale Pacifique avant 25Ma (anomalie 7). Passé cette date elle prend une direction N 115°E. Les anomalies magnétiques sont décalées de 450km de part et d’autre de cette zone de fracture ce qui correspond au décalage des segments de dorsale. Le relief anormalement marqué est lié vraisemblablement au passage récent de cette zone de fracture sur le point chaud et au volcanisme qui en résulte.

Les légers changements de directions entre les différents segments (de 255 à 267°) correspondraient à des variations des mouvements relatifs entre les plaques Pacifique et Farallon avant 25Ma. (Guy Pautot 1974). Ces modestes changements sont aussi responsables de la morphologie particulière de la zone de fracture au niveau des Marquises, où l’on peut constater l’existence d’une seconde ride plus discrète, un peu plus sud et parallèle à la principale.

Ainsi que cela a été évoqué en introduction, le levé du sommet de la ride orientée sensiblement Est-Ouest, qui dénote la zone de fracture des Marquises, a constitué la majeure partie des acquisitions de la journée. L’exploitation des données du multifaisceaux a été poursuivie et a notamment intéressé celles acquises hier soir et dans la nuit sur trois profils parallèles, ainsi que celles obtenues sur le sommet de la ride. On présente ci-dessous quelques résultats de ces traitements.

Restitution bathymétrique du sommet de la ride correspondant aux levés du 7 septembre (©Ifremer). A noter que ce sommet est plus proche de la surface dans l’Ouest que dans l’Est.

Image sonar de la même zone Ifremer).

Où en est la campagne de prospection ?

Vers 20h le navire est arrivé au point extrême Est de la zone à investiguer, soit légèrement avant la limite des 350 miles nautiques. Il a entamé un virage plein sud pour accomplir pendant la nuit un premier profil permettant de positionner un pied de plateau et se repositionner après un profil orienté Ouest sur un nouveau profil Sud – Nord qui permettra, en franchissant la ride de positionner deux pieds de plateau, mais ceci est pour demain….

Autres activités

Un peu de détente sur le pont a permis dans l’après-midi de prendre, à la traîne, un tazard et une belle dorade coryphène que David, matelot, a aussitôt vidée.

David nous présente la dorade coryphene ou « mahi-mahi » en tahitien, prise en fin d’après midi. Ifremer/L. Loubersac).