Le quatrième jour d’opérations de la campagne POLYPLAC (8 Septembre 2012)

Le quatrième jour d’opérations de la campagne POLYPLAC (8 Septembre 2012)
POLYPLAC en direct - Bulletin n° 6

La vie à bord et la route prise pour la recherche de pieds de talus

La veille, après avoir atteint sur la ride le point extrême à l’Est, proche de la limite des 350 miles, l’Atalante a débuté la recherche de pieds de plateau. A cette fin il a suivi une route permettant des profils orthogonaux à la ride, (voir carte ci-dessous). De tels profils sensiblement parallèles à la houle venue de l’ESE ne rendent pas, en raison d’un roulis prononcé, le travail très facile. Heureusement, L’alizé a relativement molli ce matin pour s’établir à 5 Beaufort ou « Bonne Brise », et la mer de vent, comme la houle se sont amoindries pour s’établir à « Mer Agitée ».

Route de l’Atalante à la recherche du positionnement de pieds de plateau (cercles magenta).

Route de l’Atalante à la recherche du positionnement de pieds de plateau (cercles magenta). Le navire est matérialisé par un petit rectangle rouge (position vers 11h30 le 8 septembre) cap au Nord. Les levés multifaiceaux acquis sont matérialisés en bleu ciel. La route poursuivie est en blanc.

Quelques mots sur l’équipage

Hier nous avons présenté l’équipe chargée de l’électronique à bord. Aujourd’hui nous vous présentons celle qui est aux machines.

Elle se compose de 8 personnes : un officier chef mécanicien, Emeric ; son second, Greg ; un troisième officier mécanicien, Max ; un maître machine, Bruno ; un Maitre électricien, Anthony ; deux ouvriers mécaniciens, Patrice et Sébastien ; un nettoyeur, Nicolas.

Emeric MOYON Chef Mécanicien

Greg  VIE 2ème Mécanicien

Max LEROUX Officier Mécanicien

Bruno GRONNIER Maître Machine

Emeric MOYON
Chef Mécanicien

Greg VIE
2ème Mécanicien

Max LEROUX
Officier Mécanicien

Bruno GRONNIER
Maître Machine

Anthony LE GUILLOU Maître Electricien

Sébastien CORNIC Ouvrier Mécanicien

Patrice LE CLEUZIAT Ouvrier Mécanicien

Nicolas PHILBEE Nettoyeur

Anthony LE GUILLOU
Maître Electricien

Sébastien CORNIC
Ouvrier Mécanicien

Patrice LE CLEUZIAT
Ouvrier Mécanicien

Nicolas PHILBEE
Nettoyeur

L’équipe, avant tout, a pour responsabilité la bonne marche de la propulsion du navire et de son alimentation électrique.

L’Atalante est propulsé par 2 moteurs électriques à courant continu CCP 138-53-8 (1100 kW – 150 tr/mn) de marque Jeumont Schneider représentant environ une puissance de 3000 cv. Ces deux moteurs sont alimentés par 3 groupes diesel alternateur identiques Duvant Crepelle de 1000 kW à 1 500 tr/mn qui assurent la production d'énergie pour le navire. La propulsion électrique possède un avantage considérable sur la propulsion diesel directe par sa souplesse, par la finesse des manœuvres, notamment pour assurer la stabilisation de l’Atalante en station sur un point fixe.

Un des 3 groupes diesel Duvant Crepelle

Un des 3 groupes diesel Duvant Crepelle

En outre le navire est alimenté en production de courant régulé maintenu par 2 onduleurs (2x60 KVA).
La propulsion principale est assurée par 2 hélices à 5 pales fixes.
La propulsion auxiliaire est assurée par 1 propulseur avant électrique (orientable sur 360° de marque Schottel).

Puits du propulseur d’étrave Schottel

Puits du propulseur d’étrave Schottel

La route de l’Atalante est assurée par 2 gouvernails articulés Becker.
L’ensemble des contrôles machines est assuré dans un central placé immédiatement au-dessus de la salle des machines, sous le pont arrière.

Emeric, chef mécanicien, dans la salle de contrôle machines.

Emeric, chef mécanicien, dans la salle de contrôle machines.

Greg, second mécanicien et Max, officier mécanicien, dans l’atelier mécanique adjacent à la salle machine.

Greg, second mécanicien et Max, officier mécanicien, dans l’atelier mécanique adjacent à la salle machine.

La réserve de combustible est de : 580 m³, soit une autonomie de navigation de l’ordre de 2 mois. La capacité en eau douce est de 261 m³ avec en outre, à bord, un système de récupération de l’énergie des groupes électrogènes qui permet dans des bouilleurs de dé-saler l’eau de mer.

Mais l’équipe aux machines ne traite pas que des groupes et des moteurs, elle s’occupe de toute la mécanique du navire : les treuils, les portiques latéraux et arrière, la grue télescopique de plage arrière, celle de chargement à babord avant, mais aussi la cuisine si un appareil est déficient ou encore les machines à laver et sécher le linge…

Quelques éléments significatifs des opérations poursuivies pendant cette quatrième journée de travail

A la recherche du pied de talus… Comment exploite-t-on les données ?

Les données essentielles de la campagne sont les données du sondeur acoustique multifaisceaux qui fournit le relief et la morphologie du fond. Ces données sont directement exploitées pour l’analyse des extensions possibles du plateau continental juridique.

Avant de pouvoir procéder à leur analyse, ces données sont validées et contrôlées par notre spécialiste cartographie, Charline. Le but de son travail est en particulier d’épurer les données de toutes erreurs éventuelles d’acquisition (défauts de réception du signal acoustique, bruit lié à l’état de la mer,…). Ce travail associe des opérations de filtrage automatique à un contrôle visuel et manuel systématique de l’ensemble des données (plusieurs millions de sondes tous les jours…)

Visualisation et validation des sondes. En rouge et bleu, une série de sondes acquises sur plusieurs réceptions successives. En jaune, les sondes invalidées, repérées comme erronées.

Visualisation et validation des sondes. En rouge et bleu, une série de sondes acquises sur plusieurs réceptions successives. En jaune, les sondes invalidées, repérées comme erronées.

Une fois les données de bathymétrie validées, elles peuvent être exploitées pour les objectifs du projet Extraplac.

L’exploitation des données

Rappelons que les demandes d’extension du plateau continental se réfèrent aux règles et aux directives de la convention du droite de la mer (1982, article 76).

Le plateau continental juridique est défini comme le domaine marin qui s’étend depuis les terres émergées, et dans leur prolongement naturel, jusqu’au rebord externe de la marge continentale. La marge continentale inclus le plateau, domaine se situant généralement dans les profondeurs de 0 à 200 mètres, le talus et le glacis, zone de transition avec la plaine abyssale qui se situe pour sa part aux profondeurs de l’ordre de 4500 mètres.

L’extension du plateau se détermine à partir du rebord externe de la marge continentale, correspondant à une limite entre le prolongement naturel des masses terrestres et les grands fonds océaniques.

Illustration des différents domaines sous-marins et du prolongement naturel. Le pied de talus est illustré par la ligne rouge qui correspond au passage de la base du talus continental vers la plaine abyssale.

Illustration des différents domaines sous-marins et du prolongement naturel. Le pied de talus est illustré par la ligne rouge qui correspond au passage de la base du talus continental vers la plaine abyssale.

Les données de bathymétrie vont donc permettre d’étudier les deux étapes principales qui sont à suivre pour étudier une extension du plateau continental juridique :

  1. Identifier le prolongement naturel en particulier en termes de continuité morphologique depuis les terres émergées vers la plaine abyssale.
  2. Dans la zone de transition, dite « base du talus », repérer les points de rupture de pente la plus marquée qui permettent la localisation des pieds de talus.

Localisation du pied de talus à l’extrémité du prolongement naturel (rebord externe du talus continental).

Localisation du pied de talus à l’extrémité du prolongement naturel (rebord externe du talus continental).

On comprend mieux pourquoi le déroulement de la campagne s’efforce d’identifier les reliefs propres à illustrer le prolongement naturel depuis le plateau des îles Marquises et à repérer aussi les zones de rupture de pente à l’extrémité des structures morphologiques.

La campagne a permis de cartographier la ride située au sud-est des Marquises le long de la zone de fracture. L’analyse des données devrait contribuer à identifier des pieds de talus à la base de cette ride.

Illustration des données acquises le long de la ride : les zones de crête et de base de la ride, se distinguant de la plaine abyssale sont favorables au repérage de pied de talus.

Illustration des données acquises le long de la ride : les zones de crête et de base de la ride, se distinguant de la plaine abyssale sont favorables au repérage de pied de talus.

On rappelle que l’extension résulte ensuite d’une projection de 60 miles nautiques vers le large de la ligne constituée de ces pieds de talus.

Les pieds de talus (points roses) sont situés sur les flancs sud et nord de la ride. La projection à 60 miles nautiques permet une extension illustrée par la limite « rose » au-delà des 200 miles nautiques (ZEE) et limitée à 350 miles nautiques (limites illustrées par les lignes vertes).

Les pieds de talus (points roses) sont situés sur les flancs sud et nord de la ride. La projection à 60 miles nautiques permet une extension illustrée par la limite « rose » au-delà des 200 miles nautiques (ZEE) et limitée à 350 miles nautiques (limites illustrées par les lignes vertes).

Où en est la campagne de prospection ?

Depuis hier soir l’orientation de la campagne a été celle, comme on l’a expliqué en première partie de texte, de rechercher des pieds de talus. Demain matin les 3 profils Nord-Sud orthogonaux à la ride auront été accomplis. Nous nous dirigerons alors vers l’ouest, d’une part pour compléter la couverture de la zone de raccordement possible de la ride avec le plateau des Marquises et, d‘autre part, pour commencer les premiers dragages.

Et, n’oubliez-pas ; pour nous suivre en direct interrogez :
http://www.ifremer.fr/posnav/PosnavWeb/WFNavire.aspx?navire=atalante

Autres activités :

A 18h15, Lionel a présenté, devant les membres de l’équipage et de l’équipe scientifique, en salle polyvalente du pont E, deux sujets : celui relatif aux enjeux mer de la Nouvelle-Calédonie et au plan de travail de l’Ifremer 2012-2015 sur le territoire, avec , parmi les projets, un focus sur l’utilisation de la vidéo sous marine pour la caractérisation et le suivi de la biodiversité.
Un championnat de Baby Foot mèlant équipage et scientifiques a été lancé.

Soirée du 8 septembre : coucher de soleil sur le Pacifique Central Sud.

Soirée du 8 septembre : coucher de soleil sur le Pacifique Central Sud.